Avant d’arriver à Abidjan, j’avais déjà entendu quelques mots de nouchi. Ou encore des tournures ivoiriennes de la langue française. Cette fois, j’ai découvert et entendu des mots de mes propres oreilles. Je vous propose dans cet article de revenir sur ces quelques mots et sur la façon dont je les ai découvert.

“Fermez ! Je vais mettre le frayon

C’est par ce mot que j’ai ouvert le bal des expressions. Juste à mon arrivée en terre ivoirienne, je me plaignais de la chaleur. Oui, il fait de plus en plus chaud, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Le chauffeur, très professionnel, nous a proposé de nous installer dans le véhicule pour profiter de la climatisation. C’est là qu’il nous sort « Fermez ! Je vais mettre le frayon ». J’ai pas mis longtemps à comprendre qu’il parlait de la climatisation.

En fait, frayon en français n’a absolument rien à voir avec la climatisation. Le mot se réfère plutôt à une incommodité des gens qui montent à cheval. Comment c’est devenu climatisation ? Je n’en sais absolument rien, mais je l’ai noté en tout cas.

“Où ils vont gagner garba là-là ?”

Très affamé après le voyage, je cherchais un endroit pour profiter d’un bon attiéké. Je vous parlerai de l’attiéké en question un peu plus tard dans la série. Un des béninois, que j’avais rencontré plus tôt s’est proposé de m’aider à trouver un maquis où il y en avait. C’est dans sa réflexion qu’il s’interroge : « où ils vont gagner gagner garba là-là ? »

On gagne un match. On gagne un concours. Ou encore, on gagne une course. Gagner est donc synonyme de victoire. Mais, le sens en est un parfois détourné dans le contexte ivoirien. Gagner devient obtenir ou trouver. Il voulait donc dire « où vont-ils en trouver ? ».

“Ils sont au plateau. Ils viennent”

Ce n’est pas d’un plateau de fruits qu’il s’agit ici. Le Plateau désigne le grand quartier administratif de la ville d’Abidjan. C’est le centre des affaires. Quand on est pas habitué à l’entendre, ça fait réfléchir. Mais, on s’y fait très vite.

On reste toujours en compagnie de notre ami, qui m’aidait dans la recherche du fameux garba. Il décide d’appeler un de ses amis, qui n’est pas très loin. Au téléphone, ce dernier s’inquiète du temps que nous allons mettre à arriver.

Ya foy, ils viennent déjà”

Le correspondant de notre guide commence par s’impatienter. C’est dimanche et on a un peu de mal à trouver un taxi qui accepté la course. Pour le rassurer, il lui dit « Ya foy ».

Ya foy signifie pas de soucis. Ne t’inquiète pas, pour être plus précis. En tout cas, c’est ce que j’ai compris en l’entendant d’ailleurs à plusieurs reprises.

“Faut siencer et nous laisser ça”

Quand on finit par trouver un taxi qui accepte de nous transporter, il reste maintenant à le convaincre de baisser ses prix. Notre guide s’emploie donc à lui faire céder de quelques centaines de francs. C’est dans cette discussion qu’il lui demande de « siencer ».

En nouchi, sciencer ou siencer, c’est se sentir bien. Mais ici, je comprends qu’il essaie de lui demander de se mettre à l’aise, de comprendre et d’accepter le prix. Je dirai même qu’il lui demande de « faire à cause de Dieu »

“Ici quand un étranger arrive, on lui demande les nouvelles

Une fois sur le lieu indiqué, on nous accueille très chaleureusement. Une calebasse de bandji en guise de bienvenue. Et on nous « demandé les nouvelles ». C’est un peu bouleversé que l’un d’entre nous prend la parole sans savoir trop quelles nouvelles donner.

En fait, on demande les nouvelles aux étrangers ou aux visiteurs pour comprendre ce qui les emmène. « Nous on est venus gagner garba » me disais-je en mon for intérieur.

“Continue, tu vas prendre drap maintenant”

Il n’était pourtant pas question de dresser un lit. Cette fois, c’est moins drôle. Quelqu’un parmi nos hôtes était entrain de s’énerver. Pour le signifier. Il lança : « Tu vas prendre drap ».

D’après nouchi.com, prendre drap signifie se taper la honte ou encore comprendre. On voit qu’il essayait donc d’avertir son interlocuteur, qui semblait le provoquer. Il n’y a donc aucun lien avec la literie. Prendre drap, c’est comprendre.

“Vraiment, tu es un ché

On s’apprêtait à rentrer au Plateau. C’est là que deux jeunes se congratulaient après un beau numéro de danse. Il lui a lancé : « Vieux mogo, tu es un ché ». Concrètement, tu es un chef, un 10. Pour lui dire qu’il est fort, qu’il a réussi son tour de danse.

En résumé, on est quitté le Plateau pour essayer de gagner garba. On a eu du mal à trouver un taxi. Finalement, on a eu un, mais il n’avait pas de frayon. Il a dit qu’on allait prendre drap que la distance était longue. Du coup, on lui a demandé de sciencer et de réduire le coût de la course. Ce qu’il a accepté. C’était un ché. Arrivé à destination, on nous a demandé les nouvelles. Moi, j’ai dit « Ya foy ».

Essayez vous-aussi de faire des phrases en commentaires avec des expressions ou des mots qui font partie du langage ivoirien.

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"Ces mots et expressions que j’ai découvert à Abidjan"

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