La controverse autour de la nationalité française du président malgache Andry Rajoelina a engendré une crise de confiance, remettant en question son éligibilité et sa légitimité à la présidence. Les accusations de trahison et les inquiétudes concernant les conflits d’intérêts potentiels soulèvent des préoccupations sur la capacité des présidents africains à défendre efficacement les intérêts de leurs pays tout en ayant une double nationalité, en particulier avec des nations occidentales. Cet article examine les implications et les débats suscités par la double nationalité des dirigeants africains, en mettant en lumière les controverses qui en découlent.

L’Afrique n’est pas à son premier président binational

La double nationalité ou la nationalité occidentale d’un Président suscite souvent des débats intenses. Alors que certains soutiennent que cette situation peut apporter des avantages tangibles, d’autres y voient une source potentielle de conflits d’intérêts et de compromissions. Le cas du Président malgache Andry Rajoelina n’est pas isolé sur le continent.

En ce qui concerne les présidents en exercice, George Weah du Liberia est un exemple notable. Ancien footballeur professionnel, il possède la double nationalité libérienne et française. De même, Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire depuis 2011, a également été au cœur d’un long feuilleton au sujet de sa nationalité. Ces deux présidents essuient d’ailleurs régulièrement des critiques sur les relations qu’ils entretiennent avec l’ex-colonie française.

Il faut aussi remarquer que plusieurs anciens présidents africains ont une double nationalité. L’un des plus emblématiques et des plus iconiques, Nelson Mandela, icône de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, était de nationalité sud-africaine et bénéficiait également de la citoyenneté honorifique de plusieurs pays occidentaux, dont le Royaume-Uni et les États-Unis. Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue présidente en Afrique, a dirigé le Libéria de 2006 à 2018 tout en possédant également la nationalité américaine.

Ces exemples montrent que la double nationalité est présente parmi les dirigeants africains, qu’ils soient en exercice ou anciens. Certains avancent que la double nationalité peut apporter des avantages substantiels, tandis que d’autres y voient un véritable danger.

La double-nationalité des dirigeants africains, un couteau à double tranchant

Les avantages qu’on peut généralement tirer de la détention d’une double nationalité sont souvent personnels. On a la possibilité de voyager plus facilement. Le cas du Mali l’exprime parfaitement. Pendant que le passeport malien n’ouvre que les portes de 45 pays sans visa, c’est presque le double pour un passeport français ou canadien. On bénéficie de régimes réservés aux citoyens des pays dont on a la nationalité. Pour beaucoup d’Africains, la recherche d’une nationalité occidentale s’apparente à un saint graal. C’est l’occasion pour eux de ceux qui la détiennent de profiter des avantages que n’offrent pas la détention de nationalités africaines. Les dirigeants possédant une nationalité occidentale, bénéficient donc d’avantages qui relèvent essentiellement de leur confort personnel.

double nationalité présidents africains

Cependant, la double nationalité d’un Président ouvre automatiquement la voie à des suspicions en tout genre. Et c’est le cas avec la situation dévoilée à propos du Président malgache Rajoelina. La plus grande inquiétude est que cette situation puisse créer des conflits d’intérêts, mettant en péril l’objectivité et l’indépendance du président dans la prise de décisions politiques. On peut aussi légitimement s’interroger quant à la loyauté et à l’allégeance du président envers son pays d’origine, en particulier lorsque des intérêts contradictoires entre les deux nationalités peuvent surgir. Vous imaginez qu’un citoyen américain, ayant la nationalité russe se présente aux élections. N’imaginons même pas qu’il soit élu. Permettre que des citoyens binationaux accèdent aux arènes du pouvoir, c’est comme inviter le loup dans la bergerie.

Même à la fin de l’exercice du pouvoir, la question de la double nationalité pour les anciens présidents n’est pas sans intérêt. Encore qu’il faut se demander pourquoi les chefs d’Etats africains ne désirent pas bénéficier des avantages qui relèvent de la nationalité de leur pays. Difficile de ne pas le percevoir comme un aveu d’échec. Au-delà des questions liées aux conflits d’intérêts et à la personnalité des concernés, il faut dire que les principaux perdants dans cette histoire restent les Etats Africains.

Les Etats Africains encore perdants

Le grand perdant reste l’Etat qui a à sa tête un président détenteur d’une double nationalité. Les inconvénients et les risques associés à la double nationalité des présidents africains sont de divers ordres.

L’existence d’une double nationalité peut entraîner une perte de confiance et de légitimité aux yeux de certains citoyens. Certains pourraient considérer qu’un président qui possède une nationalité étrangère ne peut pas représenter pleinement les intérêts de son pays d’origine. Cela peut nourrir la méfiance et compromettre la stabilité politique et la cohésion sociale. Les présidents à double nationalité peuvent être soumis à des pressions et à des influences extérieures qui pourraient interférer avec leur prise de décisions nationales. Des pays étrangers peuvent chercher à exploiter leur double nationalité. Les intérêts de nos Etats se retrouvent ainsi remis en cause.

Des risques si grands que certains pays sont allés jusqu’à interdire toute possibilité de recourir à la binationalité. La RDC, le Malawi et le Cameroun sont des pays qui interdisent le recours à la double-nationalité pour tous leurs citoyens. Retenons que le cas Rajoelina n’est pas isolé sur le continent et que des méfiances légitimes naissent autour de cette situation. Sinon, qu’en pensez-vous ? A quoi jouent les présidents Africains à double nationalité ?

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"À quoi jouent ces présidents africains à la double nationalité ?"

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