Les normes et croyances socioculturelles influencent considérablement le choix des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive. Au Bénin en particulier, les différentes confessions religieuses constituent majoritairement les groupes de référence. Le pouvoir décisionnel des jeunes, notamment des filles, est fortement impacté par les croyances et idées non clarifiées reçues de ces endroits. Ceci étant, il est important de rallier les leaders religieux à la cause des droits sexuels et reproductifs afin de promouvoir, de façon plus significative, la planification familiale. 

La religion influence-t-elle l’adoption de la PF/SSRAJ ?

Les jeunes sont de plus en plus informés de l’existence de La planification familiale. Cependant, nombreux sont ceux qui hésitent à adopter une méthode contraceptive. Cette réticence est en grande partie née des croyances religieuses reconnaît Grâce Kelome, étudiante : « Quand j’ai eu mon copain à 19 ans et que j’ai commencé à m’intéresser au sexe, je me suis renseignée parce que je n’étais pas prête pour garder un bébé. Mais ma sœur m’a rappelé que la parole de Dieu considère ça comme un péché et qu’il faut abandonner l’idée », a-t-elle confié. Elles sont nombreuses ainsi, les uns à vouloir sans pouvoir, les autres à ne jamais y penser compte tenu de la sociologie religieuse. « Jamais l’imam n’a dit clairement s’il faut utiliser une méthode contraceptive ou pas. Tout porte à croire que c’est un interdit. Née d’une famille très croyante et rigoureuse, je ne me suis pas intéressée à ma santé sexuelle. Aujourd’hui, vous voyez que je suis mère d’un enfant de 2 ans à 20 ans. À aucun moment, je n’ai voulu cela ». Ce sont les propos d’Amina qui revend des vêtements pour nourrir sa petite fille.

L’autre aspect de l’influence religieuse sur le choix des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive est la dépravation. En effet, selon les leaders, encourager les jeunes à l’adoption des méthodes modernes de contraception, c’est les encourager à se dépraver. La dépravation, synonyme de déshonneur dans certaines communautés et de fornication dans d’autres, est un mal que combattent particulièrement tous les leaders religieux.

Les leaders religieux comme alliés dans la promotion de la PFSSRAJ 

Pour une jeunesse sexuellement épanouie, la création d’un environnement social favorable à l’acceptation de la planification familiale et la santé sexuelle et reproductive des jeunes est cruciale. Dans les communautés religieuses béninoises (couvent, mosquée, église…), il serait utile que les leaders sensibilisent et informent sur l’orientation des livres saints par rapport à la santé sexuelle des jeunes. Étant des leaders d’opinion et d’action très écoutés, on gagnerait à avoir leur expertise sur l’adoption de la planification familiale afin de lever les croyances socioculturelles et religieuses qui handicapent l’utilisation de la contraception. Ceci va également permettre de réduire la stigmatisation autour de la planification familiale et favoriser une prise de conscience collective. 

Si on creuse, la religion interdit-elle la PF ?

Avis aux chrétiens ! La bible n’interdit pas la planification familiale selon l’abbé Sabin Sèdégnon, prêtre de l’archidiocèse de Cotonou. Selon les propos du leader catholique, les personnes qui ne sont pas prêtes pour la venue d’un bébé peuvent adopter une méthode contraceptive afin de prévenir les grossesses non désirées. Néanmoins, il insiste sur la préférence d’une décision mature comme serait le cas des personnes mariées. Même son de cloche pour le zangan central adjoint de la commune de Sèmè-Kpodji. L’autorité affirme que la planification familiale est une solution contre certains défis et qu’il est préférable d’en adopter que d’avorter. Voici ces propos, « les dieux interdisent l’avortement, mais pas la planification familiale. On peut permettre aux gens d’éviter les chocs de grossesse qui empêchent les filles de continuer leurs études, mais il faut sensibiliser pour une jeunesse non dépravée ». Et oui, les leaders musulmans ne sont pas allés à contre-courant. Le Coran est favorable à l’adoption des méthodes contraceptives, a notifié Chamsdine Ayaba Issiaka, Imam central de la mosquée d’Agblangandan. 

On peut alors dire que le problème se situe au niveau du manque de communications ou de formations à l’endroit des jeunes, à ce sujet. L’approbation ouverte des leaders religieux rendra plus confiants les jeunes face à la planification familiale. Il serait donc judicieux de créer des espaces de dialogues entre les responsables religieux afin de les outiller et de les sensibiliser à l’appui dans la promotion des droits à la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes.

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