Les hommes se rendent de plus en plus coupables d’actes répréhensibles envers les femmes, surtout du point de vue de la sexualité. Demander aux femmes de libérer la parole et réclamer justice fait partie du processus de réparation. Mais, les blessures sont trop profondes, trop douloureuses pour être entièrement et définitivement réparées. N’allez pas comprendre que je demande à ce qu’elles ne soient pas réparées. Ce que je veux plaider aujourd’hui, c’est qu’on n’en arrive pas à la naissance de telles blessures. Il ne faut tout simplement pas qu’elles existent, atteignent et impactent aussi négativement tant de vies. Messieurs, ceci nous concerne. Nous n’avons pas le droit de transformer la vie des femmes, de déformer des destins, au nom de pseudo-pulsions incontrôlables ou d’une masculinité rococo.

Le mâle ne peut pas se croire tout permis, surtout dans ses relations avec les femmes. Ici, je veux énumérer un certain nombre de droits, qu’en tant qu’hommes, nous n’avons pas.

Nous n’avons pas le droit d’exercer la violence

« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir »

Jean-Jacques Rousseau

Cette critique du droit du plus fort de Rousseau est d’une pertinence sans pareille. La nature a généralement doté l’homme d’une force physique supérieure à celle des femmes. Cela ne fait pas de ces dernières les proies des hommes. User de sa force physique pour dissuader ou obtenir de la femme un comportement ou une réaction donnée, n’est pas légitime. Et inversement d’ailleurs. La force n’est pas un moyen légitime de convaincre ou de dissuader quelqu’un. Autrement, les bandits et les coupeurs de route seraient érigés en héros, et il n’y aurait que des putschistes aux affaires aux quatre coins du monde.

Nous n’avons pas le droit d’insulter ou de dénigrer parce qu’ “elle ne nous plaît pas”

« Dans l’univers, y’a des milliards de vies. Sur terre, sept milliards d’êtres humains. Peut-être trois milliards de filles »

Nekfeu in Dans l’univers, feat. Vanessa Paradis

Les créatures qui peuplent la terre sont nombreuses. Et d’ailleurs, il y en a de différentes formes. Si en tant qu’homme, une fille ne répond pas à vos exigences physiques, nul besoin de l’insulter ou de la dénigrer en parlant de ses traits physiques. Si elle ne convient pas à vos exigences, l’insulter ou la dénigrer ne la rapprocheront pas de celles-ci. Ce qu’il convient de faire, c’est de chercher parmi les autres créatures qui peuplent la terre, une qui est à votre goût. A moins que nous soyons très très compliqués, les plus de trois milliards de femmes devraient suffire pour opérer un choix.

Nous n’avons pas le droit d’insister quand elle dit non

Plus généralement, quand on courtise une femme et que cette dernière n’est pas réceptive à nos avances, nous n’avons pas le droit d’insister. C’est dans la persistance que le harcèlement commence. Et que les insultes finissent par fuser quand on obtient pas de réponses favorables. Elles ont le droit de ne pas nous accepter. Autant que nous avons le droit de ne pas en apprécier certaines parce qu’elles ne répondraient pas à nos « critères ».

Nous n’avons pas le droit d’utiliser l’intimité pour nous venger

On parle de revenge porn, de comptes fisha… De plus en plus, ces techniques sont utilisées par certains hommes pour « afficher » les femmes avec lesquelles ils ont partagé des moments d’intimité. Pourtant, il ne sert à rien de dévoiler sur la place publique l’intimité d’autrui. Cela ne la fera pas revenir. Au contraire, cela scellera définitivement la fin de tout espoir d’avenir entre vous. La reconquête d’un cœur ne se fait pas à coup de menaces, de pratiques harcelantes et de diffusion d’images intimes. Tapons poteau, buvons de l’eau et essayons ailleurs.

Nous n’avons pas le droit d’imposer nos envies sexuelles

« Ils parlent tous comme des animaux. De toutes les chattes ça parle mal. 2018 je sais pas ce qui te faut, mais je suis plus qu’un animal »

Angèle – Balance ton quoi

Le propre d’une relation sexuelle est qu’elle soit consentie par les différents partenaires. Il ne s’agit plus d’une relation consentie, à partir du moment où l’un des partenaires impose ses envies à l’autre. En tant qu’homme, nous n’avons pas le droit de faire primer nos envies sexuelles. Encore moins de les imposer à nos partenaires.

Nous n’avons pas le droit de continuer quand elle demande d’arrêter

Même quand une relation est consentie, il peut arriver que les envies ne soient pas équivalentes. Ou encore que les pratiques ne soient pas recherchées de la même manière. La pratique d’un acte peut provoquer des douleurs chez votre partenaire. Et en tant qu’homme, nous n’avons pas le droit de continuer un acte sexuel alors qu’on nous demande de l’arrêter.

Nous n’avons pas le droit de fuir nos responsabilités quand elle tombe enceinte

Une situation qui se présente de façon récurrente est la fuite de responsabilités face aux grossesses dont nous sommes les auteurs. Nous n’avons pas le droit de rejeter une grossesse que nous savons avoir contribué à provoquer. La laisser seule face à sa grossesse est un acte criminel. La force de l’homme devrait pouvoir la soutenir et l’accompagner dans ce moment où elle risque sa vie, pour en donner une autre.

Nous n’avons pas le droit de l’abandonner et de laisser reposer sur elle la charge d’éduquer les enfants

Une fois que les enfants sont nés, nous n’avons pas le droit de les délaisser. Concrètement, nous n’avons pas le droit de faire peser sur les mères la charge exclusive de la garde et de l’éducation des enfants. Ces derniers ont tout autant besoin de nous que de leurs mères dans leur découverte de la vie et dans la réalisation de leur être. Y déroger serait se rendre responsable systématiquement de l’échec de ces enfants. Mieux, au cas où ces derniers réussiront, nous n’auront alors aucun mérite en dehors de celui de leur avoir donné la vie.

Nous n’avons pas le droit de l’empêcher de s’épanouir dans sa vie professionnelle

Une femme peut tout autant réussir sa vie de famille et sa vie professionnelle. Les exemples sont légion. Mais, en tant qu’homme, il ne nous revient pas de décider comment cet alliage devrait se faire. Parce que généralement, personne ne décide pour nous. Les femmes doivent pouvoir décider ce qu’elles ont envie d’accomplir sur le plan professionnel, conformément à leur regard sur leur vie de famille. Nous n’avons pas le droit de les empêcher de se réaliser, de les rabaisser, de les sous-estimer, afin de retarder ou d’annihiler toute carrière.

Nous n’avons pas le droit de la rendre responsable de nos échecs

Si nous ne réussissons pas dans nos vies, ce n’est pas la faute des femmes. Au pire, nous pourrions incriminer nos mères respectives. Mais, à partir de 18 ans, elles ne sont plus responsable de nos erreurs et de nos échecs. Si nous fumons, buvons, sommes inconscients et incohérents, c’est avant tout de notre propre fait. Le reconnaître est un bon début pour guérir et commencer à conquérir de nouveau le succès. Les femmes sont censées nous aider et nous accompagner. Pas nous remplacer et faire ce qu’il faut pour réussir à notre place. Nous n’avons donc pas le droit de les rendre responsable de nos échecs. Car en fin de compte, les seuls qui en sont responsables, c’est nous-mêmes.

Mesdames, les hommes n’ont pas les droits qui précèdent. Ce qui ne veut pas dire que vous les avez.

Messieurs, nous n’avons pas les droits qui précèdent. Ce que je souhaite, ce n’est pas que nous soyons des hommes. Soyons juste humains !

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