Le paludisme au Bénin : un obstacle silencieux au développement économique
Le paludisme, maladie transmise par les piqûres de moustiques infectés, constitue un défi majeur pour le développement économique au Bénin. En plus de son lourd tribut en termes de santé publique, cette maladie a un impact significatif sur l’économie du pays, affectant la productivité des entreprises et la stabilité socio-économique. Les absences répétées des employés malades ralentissent considérablement la production et augmentent les coûts opérationnels des entreprises. C’est conscient de cet état de choses que le budget pour la lutte contre le paludisme au Bénin a été augmenté de 140,4% entre 2020 et 2023.
« Un salarié infecté par le paludisme représente aussi bien un risque opérationnel pour son employeur qui fera face à plusieurs jours d’invalidité pour cause de traitement de maladie, mais aussi un coût financier pour la prise en charge de l’assurance maladie notamment en cas de développement de la pathologie grave. » C’est ce que nous explique Christelle Gnidehoue, experte en Communication 360° et Responsabilité Sociétale de l’Entreprise.
Ce constat est confirmé par le rapport 2021 de Roll Back Malaria met en évidence que l’élimination du paludisme est essentielle pour le développement économique. En augmentant la productivité et en améliorant la qualité de vie, des efforts soutenus peuvent favoriser une croissance économique durable. Ce rapport préconise une coopération renforcée entre les gouvernements, les entreprises et les communautés pour améliorer les systèmes de santé publique et déployer des mesures préventives efficaces. Le rapport indique également que des efforts accrus pour contrôler et éventuellement éliminer le paludisme peuvent conduire à une augmentation significative de la productivité et à une amélioration globale de la qualité de vie, facilitant ainsi une croissance économique durable.
Pour Christelle Gnidehoue, l’une des clés dans cette lutte est l’implication des entreprises, dont la main d’œuvre et la productivité est exposée. « Les entreprises doivent davantage contribuer au financement de la recherche et développement, visant à déployer des médicaments ou vaccins plus efficaces contre le paludisme. Chaque année, dans le cadre de leur stratégie mécénat, elles peuvent réserver une partie de leurs fonds de sponsoring ou mécénat. »
Le rapport Roll Back Malaria 2021, recommande, quant à lui, une collaboration accrue entre le gouvernement, le secteur privé et les communautés locales pour renforcer les systèmes de santé et déployer des stratégies de prévention efficaces. En outre, l’investissement dans la recherche et le développement de solutions innovantes pour le contrôle du paludisme est crucial.
« Des mesures doivent être prises pour mettre fin au paludisme. Elles exigent une quantité considérable de ressources, d’où la nécessité de faire appel à des partenaires publics et privés, internes et externes. »
Mariam Chabi Talata, Vice-Présidente du Bénin
Le paludisme, en tant que frein économique, nécessite donc une réponse intégrée. Un exemple notable est celui de Speak Up Africa qui a engagé activement les entreprises béninoises dans la lutte contre le paludisme. L’organisation a lancé une campagne visant à mobiliser le secteur privé pour investir dans des stratégies de prévention et de traitement efficaces. Des entreprises telles que Ecobank et MTN ont pris des mesures proactives, notamment en finançant des programmes de distribution de moustiquaires imprégnées et en soutenant les initiatives de sensibilisation communautaire. « Zéro Palu les entreprises s’engagent » est un exemple de cette collaboration entre le secteur privé et les acteurs de santé publique. Il s’agit là d’un modèle prometteur pour la lutte contre le paludisme.
Tandis que la lutte contre le paludisme se poursuit, il est impératif de reconnaître et d’adresser les répercussions économiques de cette maladie. Retenons que les efforts conjoints des entreprises, des organisations non gouvernementales et du gouvernement sont essentiels pour atténuer l’impact du paludisme sur l’économie. Une approche holistique et intégrée, impliquant tous les acteurs de la société, est nécessaire pour réduire l’incidence du paludisme et débloquer le potentiel économique du pays. Cela permettra non seulement de sauver des vies, mais aussi de renforcer la stabilité économique et sociale du pays, favorisant ainsi le développement.
